Taille du prestataire d'infogérance : petit MSP ou grosse ESN ?

Mon verdict direct (pour les pressés)

Pourquoi cette fourchette ? Parce qu'après 22 ans dans l'IT parisien, j'ai vu assez de catastrophes pour savoir que la taille du prestataire est rarement le problème. Le problème, c'est l'adéquation entre votre besoin et leur modèle économique.

Les trois catégories de prestataires IT à Paris

Simplifions. Sur le marché parisien de l'infogérance PME, vous avez trois types de structures :

1. Le micro-prestataire (1-4 personnes)

C'est souvent un ancien technicien qui s'est mis à son compte. Il connaît bien son métier, il est réactif, et ses tarifs sont souvent 20-30% en dessous du marché.

Le problème ? La fragilité. J'ai vu un cabinet d'avocats du 16ème se retrouver sans support pendant 3 semaines parce que leur "prestataire" (en fait un indépendant) était hospitalisé. Pas de backup, pas de plan B, 25 personnes en rade. Et quand il a repris, il a décidé de changer de vie et de partir élever des chèvres dans le Larzac. Véridique.

2. Le prestataire PME (5-30 personnes)

C'est le sweet spot pour la plupart des PME parisiennes. Assez gros pour avoir de la redondance (si un technicien est malade, un autre prend le relais), assez petit pour que vous ne soyez pas un numéro.

Ce que j'observe sur le terrain :

• Réactivité : Temps de réponse moyen de 15-45 minutes (vs 2-4h pour les grosses ESN)
• Relation : Vous connaissez les techniciens par leur prénom. Ils connaissent votre infra par cœur
• Flexibilité : Capacité à adapter le contrat à vos besoins réels, pas à vous coller un forfait générique
• Prix : Généralement 15-25% moins cher qu'une grosse ESN pour un service équivalent voire supérieur

Je me souviens d'une startup du 11ème, 35 personnes, qui avait quitté une ESN connue (je ne cite pas de noms) pour un prestataire de 12 personnes. Leur retour 6 mois après : "On a l'impression d'avoir un vrai partenaire, pas un fournisseur. Et on économise 400€/mois." Ça résume bien.

3. La grosse ESN (50+ personnes)

Capgemini, Sopra Steria, Atos, et toutes les ESN régionales qui ont 50-200 personnes. Sur le papier, c'est rassurant : gros moyens, certifications ISO, SLA béton, références prestigieuses.

La réalité pour une PME ? Vous êtes un petit poisson dans un grand océan. Votre contrat à 2 000€/mois ne pèse rien face aux contrats grands comptes à 200 000€/mois. Quand il y aura un choix à faire entre vous aider rapidement ou satisfaire un gros client, devinez qui passe en premier ?

Sur mes 200+ audits, j'ai vu le même schéma se répéter :

• Commercial charmant qui promet monts et merveilles
• Technicien attitré les 3 premiers mois (période de rodage)
• Puis rotation permanente : vous expliquez votre problème à un nouveau technicien à chaque ticket
• Temps de réponse qui s'allonge progressivement (2h, puis 4h, puis "on vous rappelle demain")
• Escalade impossible : votre interlocuteur commercial a changé 3 fois en 2 ans

Les exceptions où la grosse ESN peut avoir du sens

Je suis honnête : il y a des cas où je recommande quand même une grosse structure.

• Secteur réglementé lourd : Santé, finance, défense. Si vous avez des obligations de certification (HDS, ISO 27001, etc.), la grosse ESN a les certifications et l'assurance RC pro qui va avec.
• Croissance explosive prévue : Si vous passez de 20 à 200 personnes en 2 ans, mieux vaut anticiper avec une structure capable de scaler.
• Multi-sites internationaux : Si vous avez des bureaux à Paris, Londres et New York, le petit MSP parisien va galérer.
• Besoin de technologies très spécifiques : SAP, Salesforce complexe, infrastructure cloud AWS/Azure avancée — là, les compétences pointues sont plus faciles à trouver chez les gros.

(Mais même dans ces cas, je recommande souvent une ESN de taille intermédiaire — 100-300 personnes — plutôt que les mastodontes.)

Comment vérifier la vraie taille de votre prestataire

Parce que oui, certains mentent. Un "prestataire de 25 personnes" qui s'avère être 8 personnes + 17 sous-traitants en Inde, ça existe. Voici comment vérifier :

Le vrai critère : le ratio clients/techniciens

Plus que la taille absolue, ce qui compte c'est le nombre de clients par technicien. Un prestataire de 10 personnes avec 200 clients PME, c'est 20 clients par tête. Ingérable. Un prestataire de 10 personnes avec 40 clients, c'est 4 clients par technicien. Beaucoup plus sain.

La question à poser : "Vous avez combien de clients PME actuellement, et combien de techniciens dédiés au support ?"

Si le ratio dépasse 15 clients par technicien, fuyez. Ils sont en surcharge, et vous en pâtirez.

Mon conseil final

Ne choisissez pas un prestataire pour sa taille. Choisissez-le pour :

• Sa capacité à comprendre votre métier (pas juste votre IT)
• La stabilité de son équipe (turnover faible = continuité de service)
• Sa transparence sur les prix et les engagements
• Les retours de ses clients existants (demandez 3 références et appelez-les vraiment)

Un prestataire de 8 personnes avec les bons critères vaudra toujours mieux qu'une ESN de 500 personnes qui vous traite comme un numéro.

Mais si vous voulez une recommandation chiffrée simple : visez la fourchette 8-25 personnes. C'est le meilleur compromis réactivité/pérennité pour 90% des PME parisiennes que j'accompagne.