Le monitoring, c'est quoi exactement ?
En deux mots : surveiller en temps réel l'état de santé de votre infrastructure IT. Serveurs, réseau, postes, sauvegardes, antivirus. L'idée c'est de détecter les problèmes AVANT qu'ils vous pètent à la figure un lundi matin.
Un bon système de monitoring envoie une alerte dès qu'un disque dur atteint 85% de capacité. Un mauvais système ? Il vous laisse découvrir le problème quand le serveur refuse de démarrer parce que le disque est plein à 100%.
Mon observation terrain : sur mes 200+ audits depuis 2020, j'ai vu des prestataires qui vendaient du « monitoring 24/7 » alors que leur outil n'envoyait des alertes que pendant les heures de bureau. Le client payait pour du vent.
Les outils de monitoring les plus utilisés
Voici les solutions que je croise le plus chez les prestataires parisiens sérieux :
PRTG Network Monitor
L'outil allemand. Interface graphique claire, dashboards visuels, facile à prendre en main. C'est le couteau suisse du monitoring pour PME. La version gratuite surveille jusqu'à 100 « capteurs » (un capteur = une métrique surveillée). Au-delà, comptez environ 1 600€ pour 500 capteurs.
Ce qu'il surveille bien : bande passante réseau, espace disque, charge CPU, disponibilité des services, temps de réponse des sites web.
Limite : peut devenir lourd sur de grosses infrastructures (+200 équipements).
Zabbix
Open source, gratuit, puissant. C'est l'outil des techniciens qui aiment mettre les mains dans le cambouis. Interface moins sexy que PRTG mais beaucoup plus flexible. Parfait pour les environnements hétérogènes (Windows, Linux, Mac, NAS, imprimantes réseau...).
Ce qu'il surveille bien : tout ce que PRTG fait, plus une gestion avancée des templates et des seuils d'alerte personnalisés.
Limite : courbe d'apprentissage raide. Si votre prestataire utilise Zabbix, c'est bon signe — ça veut dire qu'il a des techs compétents.
Nagios / Nagios XI
Le vétéran. Existe depuis 1999. Nagios Core est gratuit, Nagios XI (version commerciale) coûte environ 2 000€/an. Très stable, très éprouvé, mais interface qui accuse son âge.
Ce qu'il surveille bien : disponibilité des services, états des hôtes, alertes par email/SMS.
Limite : configuration par fichiers texte (pour Nagios Core). Pas pour les débutants.
Centreon
Solution française basée sur Nagios, avec une vraie interface graphique. Populaire dans les administrations et les PME françaises. Version open source gratuite, version commerciale pour les grosses structures.
RMM (Remote Monitoring & Management)
Les outils « tout-en-un » type Datto RMM, ConnectWise Automate, NinjaRMM. Ils combinent monitoring + prise en main à distance + déploiement de mises à jour + inventaire parc. C'est ce qu'utilisent la majorité des MSP (Managed Service Providers).
Avantage : un seul outil pour tout. Inconvénient : coût par poste (3 à 8€/mois/poste selon les fonctionnalités).
Ce que je recommande
Demandez à votre prestataire quel outil il utilise. S'il hésite ou répond vaguement, mauvais signe. Un pro sait exactement ce qu'il supervise et avec quoi.
Les métriques essentielles à surveiller
Voici ce que votre prestataire devrait surveiller au minimum :
Checklist monitoring minimum PME
- Espace disque — alerte à 80%, critique à 90%
- Charge CPU — détecter les processus qui s'emballent
- Mémoire RAM — fuites mémoire = ralentissements
- État des sauvegardes — succès/échec des jobs nocturnes
- Disponibilité services — serveur mail, serveur fichiers, AD
- État antivirus — définitions à jour, analyses OK
- Connexion Internet — latence, perte de paquets
- Certificats SSL — expiration à anticiper
Les questions à poser à votre prestataire
Lors de votre prochain point avec votre prestataire (ou pendant un audit de choix), posez ces questions :
- « Quel outil de monitoring utilisez-vous ? » — S'il ne peut pas nommer un outil précis, c'est qu'il n'en utilise pas vraiment.
- « Quelles métriques surveillez-vous sur mon infrastructure ? » — Il doit pouvoir lister au moins 5-6 métriques concrètes.
- « Qui reçoit les alertes et sous quel délai ? » — La nuit, le week-end, c'est qui ? Un humain ou une boîte mail qui dort ?
- « Pouvez-vous me montrer un exemple de dashboard ? » — Un prestataire sérieux peut vous montrer l'état de votre parc en 30 secondes.
- « Quel est votre temps moyen de réaction sur alerte critique ? » — Moins de 15 minutes, c'est bien. Plus d'une heure, c'est problématique.
Je me souviens d'un cabinet d'avocats du 16ème qui payait 800€/mois pour du « monitoring avancé ». Quand j'ai demandé à voir le dashboard, le prestataire a bafouillé. En fait, il se connectait manuellement une fois par semaine pour « vérifier que tout allait bien ». Le client payait du monitoring, il avait de la visite hebdomadaire.
Ce qui différencie un monitoring sérieux d'un monitoring bidon
| Monitoring sérieux | Monitoring bidon |
|---|---|
| Alertes automatiques en temps réel | Vérification manuelle de temps en temps |
| Seuils d'alerte personnalisés par métrique | Alertes génériques ou inexistantes |
| Historique consultable (graphiques, tendances) | Aucun historique, que l'état instantané |
| Rapports mensuels envoyés au client | Rien, sauf quand vous demandez |
| Procédure d'escalade documentée | On verra bien qui répond |
Combien ça coûte, un monitoring sérieux ?
Pour une PME parisienne de 20-50 postes :
- Monitoring inclus dans le forfait infogérance : c'est la norme chez les bons prestataires. Pas de surcoût visible.
- Monitoring en option : 5 à 15€/mois/poste selon la profondeur de supervision.
- Monitoring avec astreinte 24/7 : comptez 200 à 500€/mois en plus pour avoir quelqu'un qui répond la nuit.
Un prestataire qui vous facture 50€/poste/mois en infogérance SANS inclure le monitoring de base ? Ça doit vous alerter. C'est le minimum syndical.
⚠️ Red flag
Si votre prestataire ne peut pas vous montrer un dashboard de monitoring en 2 minutes, c'est qu'il n'a pas d'outil digne de ce nom. Fuyez.
Mon conseil : exigez un accès lecture
Certains outils de monitoring permettent de créer un accès « lecture seule » pour le client. Demandez-le. Ça vous permet de voir l'état de votre parc quand vous voulez, sans dépendre des rapports du prestataire.
Ça responsabilise aussi le prestataire : il sait que vous pouvez vérifier.
Et si le prestataire refuse ? Posez-vous des questions. Un prestataire transparent n'a rien à cacher.
Samir Khelifi
22 ans dans l'IT parisien. A commencé technicien réseau chez un petit MSP du 10ème en 2001, grimpé jusqu'à directeur technique. A géré l'IT de 180+ PME parisiennes (cabinets d'avocats, agences, startups, médecins). Parti en 2019 après un burn-out : trop de clients mal conseillés par les commerciaux, trop de promesses intenables, trop de nuits à éteindre des incendies causés par des décisions commerciales débiles.
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