Infrastructure cloud/hybride
Vous hésitez entre tout mettre dans le cloud ou garder des serveurs en local ? Normal. C'est LA question que me posent 80% des dirigeants de PME parisiennes. Et la réponse n'est jamais simple — elle dépend de votre métier, de vos données, de votre budget.
Je vais être direct avec vous : le "tout cloud" est rarement la bonne solution pour une PME parisienne. Oui, je sais, c'est pas ce que raconte le commercial Microsoft ou le prestataire qui veut vous vendre une migration Azure à 50K€. Mais après 200+ audits d'infrastructure depuis 2020, j'ai une vision assez claire de ce qui marche. Et de ce qui plante.
Le cloud, c'est génial pour certains usages — la messagerie, les outils collaboratifs, les sauvegardes. Mais pour d'autres — les applications métiers lourdes, les données sensibles, les besoins de latence faible — garder des serveurs locaux reste pertinent. Et c'est là qu'on parle d'infrastructure hybride.
Les 3 modèles d'infrastructure : lequel pour votre PME ?
Chaque modèle a ses forces et ses faiblesses. Le bon choix dépend de votre contexte — pas des arguments marketing.
100% On-Premise
Tout en local : serveurs physiques dans vos locaux, vous avez la main sur tout.
Pour qui ? Cabinets d'avocats avec données sensibles, secteurs réglementés, entreprises avec applications métiers très spécifiques.
100% Cloud
Tout chez Microsoft, Google ou AWS. Zéro serveur physique chez vous.
Pour qui ? Startups, équipes 100% remote, entreprises sans contraintes réglementaires fortes.
Hybride
Le meilleur des deux mondes : cloud pour ce qui s'y prête, local pour le reste.
Pour qui ? La majorité des PME parisiennes de 20-80 personnes — c'est ce que je recommande dans 70% des cas.
Mon avis tranché sur le "tout cloud"
Je vais vous raconter une histoire qui illustre bien le problème. En 2022, j'ai audité une agence de com' du 11ème — 35 personnes. Leur ancien prestataire les avait mis 100% sur Microsoft 365, y compris le stockage de tous leurs fichiers de prod (vidéos, photos, projets InDesign). Sur le papier, c'était sexy : "Tout accessible partout, plus de serveur à maintenir !"
En pratique ? Leur facture mensuelle avait explosé de 180%. Pourquoi ? Parce que stocker 8 To de fichiers vidéo sur SharePoint, ça coûte une fortune. Et les temps de synchronisation étaient devenus insupportables — 2 minutes pour ouvrir un projet Premiere de 500 Mo.
Ce que j'ai fait : On a migré les fichiers lourds sur un NAS local avec sauvegarde cloud (Synology C2). Résultat : facture divisée par 2, performances retrouvées. Et toujours une redondance cloud pour les sauvegardes.
Le tout cloud fonctionne bien quand vous n'avez que des fichiers Office et des mails. Mais dès que vous avez des fichiers lourds, des applications métiers spécifiques ou des contraintes de latence, ça devient vite un cauchemar — et un gouffre financier.
Ce que le cloud fait bien (et moins bien)
Le cloud excelle pour...
-
Messagerie et collaboration
Microsoft 365 ou Google Workspace — difficile de faire mieux en 2024.
-
Sauvegardes externalisées
Une copie hors site, c'est la base. Le cloud est parfait pour ça.
-
Applications SaaS standards
CRM (Salesforce, HubSpot), comptabilité (Pennylane), gestion projet (Monday)...
-
Travail nomade / équipes distribuées
Si vos équipes sont en télétravail 3 jours/semaine, le cloud simplifie tout.
Le cloud galère pour...
-
Fichiers volumineux (>1Go)
Vidéos, CAO, projets graphiques lourds — la latence devient insupportable.
-
Applications métiers legacy
Votre ERP de 2012 ou votre logiciel de facturation "fait maison".
-
Données ultra-sensibles
Secret médical, données avocats — certains clients ne veulent pas de cloud US.
-
Environnements sans internet fiable
Oui, ça existe encore à Paris — certains bâtiments anciens ont des connexions pourries.
L'architecture hybride idéale pour une PME parisienne
Quand je conseille une PME de 20-60 personnes à Paris, voici généralement ce que je recommande. Ce n'est pas une vérité absolue — ça dépend vraiment de votre contexte — mais c'est un bon point de départ.
Architecture type que je recommande
- Messagerie (Microsoft 365 Business Premium)
- Suite Office collaborative (Word, Excel, Teams)
- Sauvegardes externalisées (réplication du NAS)
- Applications SaaS (CRM, comptabilité, etc.)
- NAS pour stockage fichiers volumineux (Synology, QNAP)
- Serveur d'applications métiers (si nécessaire)
- Firewall nouvelle génération (Fortinet, Sophos)
- Switchs managés si > 15 postes
Cette architecture, pour une PME de 30 personnes, c'est environ 25-35K€ d'investissement initial (serveurs/NAS/firewall) + 500-700€/mois en cloud. C'est moins sexy qu'un "tout Azure à 2000€/mois" sur le papier, mais au bout de 3 ans, vous êtes largement gagnant — et vos performances sont meilleures.
Mon conseil
Ne signez jamais un contrat "tout cloud" sans avoir fait calculer le TCO (coût total de possession) sur 5 ans. Les commerciaux comparent le CAPEX du local avec l'OPEX mensuel du cloud — c'est malhonnête. Comparez sur la durée.
Les pièges de la migration cloud (que les prestataires ne disent pas)
Je vais être cash : la plupart des migrations cloud sont vendues avec des chiffres bullshit. Voici les pièges que j'ai vus sur mes 200+ audits.
Piège #1 : Les coûts cachés de stockage
Le commercial vous montre 10€/user/mois pour Microsoft 365. Mais quand vous dépassez 1 To de stockage par user (ce qui arrive vite avec des fichiers lourds), les coûts explosent. J'ai vu des factures passer de 2000€ à 6000€/mois pour une boîte de 40 personnes — juste à cause du stockage.
Piège #2 : La bande passante sous-estimée
Mettre 30 personnes sur SharePoint avec synchronisation permanente, ça bouffe de la bande passante. Si vous n'avez qu'une ligne fibre 100 Mbps (symétrique), vous allez ramer. Budget supplémentaire : 200-500€/mois pour une vraie ligne pro.
Piège #3 : Le lock-in vendor
Une fois chez Microsoft, revenir en arrière ou changer de fournisseur coûte une fortune. Les données sont piégées dans des formats propriétaires. J'ai vu un client payer 45K€ de migration pour sortir d'Azure après 2 ans. Oui, 45K€.
Piège #4 : Les sauvegardes Microsoft 365
Contrairement à ce que croient 90% des clients, Microsoft ne sauvegarde pas vos données. Si vous supprimez un fichier et videz la corbeille, il est parti. Pour une vraie sauvegarde M365, comptez 3-5€/user/mois en plus (Veeam, Acronis).
Les 5 questions à poser avant une migration cloud
Avant de signer quoi que ce soit avec un prestataire qui vous propose du cloud, posez ces questions. Si les réponses sont floues, méfiez-vous.
-
1
"Quel est le TCO sur 5 ans, incluant le stockage et les sauvegardes ?"
Exigez un tableau comparatif cloud vs hybride. Par écrit.
-
2
"Quelle solution de sauvegarde M365 est incluse ?"
Si la réponse est "Microsoft s'en occupe", fuyez.
-
3
"Combien coûte une sortie/réversibilité dans 3 ans ?"
Cette clause doit être dans le contrat. Zéro exception.
-
4
"Quelle bande passante minimum recommandez-vous ?"
Un bon prestataire vous donnera un chiffre précis basé sur votre volumétrie.
-
5
"Où sont hébergées mes données physiquement ?"
Pour les données sensibles, exigez un datacenter EU (France idéalement).
Je sais, c'est beaucoup de questions. Mais une migration cloud ratée peut coûter 50-100K€ à redresser. J'ai un cabinet d'architectes du 9ème qui peut en témoigner — leur "expert cloud" leur avait vendu une migration Azure à 30K€. Deux ans après, j'ai dû refaire toute l'infrastructure en hybride. Total de la note : 85K€. Ils auraient dû poser ces questions avant.
2 cas concrets d'infrastructure hybride réussie
Cabinet d'avocats — 18ème
45 personnes • Données sensibles
Le problème :
Serveur vieillissant, sauvegardes jamais testées, peur de mettre les dossiers clients dans le cloud US.
La solution :
- • Microsoft 365 pour la messagerie et Teams
- • NAS Synology local pour les dossiers clients (6 To)
- • Sauvegarde cloud chez OVH (France)
- • VPN site-à-site pour le télétravail
Le résultat :
Conformité RGPD maintenue, facture cloud divisée par 2 vs tout Azure, temps de restauration passé de "on ne sait pas" à 4 heures testées.
Agence de production vidéo — 11ème
28 personnes • Fichiers très lourds
Le problème :
L'ancien prestataire avait mis 15 To sur SharePoint. Résultat : synchro interminable, exports Premiere impossibles, facture à 4500€/mois.
La solution :
- • NAS QNAP 50 To en local + extension 10 Gbps
- • Microsoft 365 Business Basic (juste mail + Teams)
- • Sauvegarde incrémentale vers Backblaze B2
- • VPN pour accès distant aux rushes
Le résultat :
Facture mensuelle passée de 4500€ à 800€. Temps d'ouverture des projets Premiere divisé par 10. Monteurs ravis.
Comment choisir un prestataire pour votre infrastructure hybride
Je ne suis pas là pour vous vendre un prestataire particulier. Mais après 22 ans dans le métier, je sais distinguer les bons des margoulins. Voici mes critères.
Les signes d'un bon prestataire infrastructure
- Il pose des questions avant de proposer. Si le commercial sort une proposition en 48h sans avoir fait d'audit, méfiance.
- Il parle TCO, pas seulement OPEX. Un bon prestataire compare les coûts sur 3-5 ans, pas juste le mensuel.
- Il a des références comparables. Une PME parisienne de votre secteur, pas un grand compte ou une startup.
- Il n'est pas dogmatique. "Tout cloud" ou "tout local" sans nuance, c'est suspect.
- Il parle sauvegardes et tests. Et il peut vous montrer un rapport de test récent.
Les red flags à fuir
- Contrat 36 mois obligatoire
- Pas de clause de réversibilité claire
- Le commercial ne sait pas répondre aux questions techniques
- Prix "sur devis" pour les sauvegardes et la cyber
- Aucune certification (ISO 27001, HDS si santé)
(Je détaille tous ces points dans mon guide "Red flags prestataire IT" — allez le lire si vous êtes en phase de sélection.)
Besoin d'un regard extérieur sur votre infrastructure ?
Je ne vends rien. Mais je peux auditer votre contrat actuel ou votre projet de migration. Comptez 2-3 heures pour un diagnostic clair et actionnable.
Samir Khelifi
22 ans dans l'IT parisien. A commencé technicien réseau chez un petit MSP du 10ème en 2001, grimpé jusqu'à directeur technique. A géré l'IT de 180+ PME parisiennes (cabinets d'avocats, agences, startups, médecins). Parti en 2019 après un burn-out : trop de clients mal conseillés par les commerciaux, trop de promesses intenables, trop de nuits à éteindre des incendies causés par des décisions commerciales débiles.
Article mis à jour le