Après 22 ans dans le métier et 200+ contrats audités, je vais vous dire ce que personne ne vous dit : choisir un prestataire d'infogérance, c'est comme choisir un médecin. Vous ne pouvez pas évaluer sa compétence technique (vous n'êtes pas médecin), mais vous pouvez évaluer son écoute, sa transparence, et surtout — ses références vérifiables.
Le problème ? 70% des prestataires IT parisiens sont des margoulins qui survendent et sous-délivrent. Les 30% restants sont excellents, mais plus difficiles à trouver. Ce guide vous donne les critères pour trier rapidement.
Dans ce guide
1. La proximité géographique — plus important qu'on croit
Je sais, on est en 2025, tout peut se faire à distance. Mais laissez-moi vous raconter une histoire. Cabinet d'avocats du 8ème, 35 personnes. Leur prestataire était basé à Lyon — "moins cher, et tout est télémaintenable". Un vendredi après-midi, serveur qui crash. Avocat avec un dossier urgent le lundi matin. Délai d'intervention sur site : 6h minimum. Le temps qu'un tech parte de Lyon.
Résultat ? Week-end à appeler des boîtes parisiennes en urgence. Coût de l'intervention "pompier" : 3 fois le tarif normal.
Mon conseil
Pour une PME parisienne : prestataire basé dans Paris ou première couronne. Maximum 45 minutes d'intervention en cas d'urgence. C'est non négociable.
(Nuance : si vous êtes 100% cloud, tout le monde en télétravail, pas de serveur physique — là oui, la distance compte moins. Mais c'est rare dans les PME que j'accompagne.)
2. La taille du prestataire — trouver le bon équilibre
Question classique : "je prends une grosse ESN ou un petit MSP ?" Ma réponse courte : pour une PME de 10-80 personnes, un prestataire de 5-15 techniciens est souvent idéal.
Les grosses ESN (+100 personnes)
- Vous êtes un petit poisson dans un océan de gros clients
- Turnover des techniciens : vous changez d'interlocuteur tous les 6 mois
- Processus lourds : ticket, escalade, validation — 48h pour un mot de passe reset
Les petites structures (5-15 personnes)
- Vous êtes un client important pour eux
- Interlocuteur stable : le même tech vous connaît depuis 3 ans
- Réactivité : un coup de fil au patron, c'est réglé dans l'heure
Mais attention : trop petit (1-2 personnes), c'est risqué. Vacances, maladie, départ — et vous n'avez plus personne.
J'ai un article complet sur la taille idéale du prestataire si vous voulez creuser.
3. Les références vérifiables — le test ultime
C'est LE critère que 90% des dirigeants négligent. "Vous avez des références ?" — "Oui, bien sûr, on travaille avec X, Y, Z." OK. Mais est-ce que vous avez APPELÉ X, Y, Z ?
Je vais être direct : si un prestataire refuse de vous donner 2-3 contacts de clients actuels à appeler, fuyez. Point.
Les questions à poser aux références :
- 1 "Depuis combien de temps travaillez-vous avec eux ?" (moins de 2 ans = méfiance)
- 2 "Quand vous avez eu une urgence, quel a été le délai d'intervention ?"
- 3 "Y a-t-il eu un incident majeur ? Comment l'ont-ils géré ?"
- 4 "Est-ce que les factures correspondent à ce qui était prévu ?" (la question qui fâche)
Anecdote : j'ai eu un client (agence de com du 11ème, 20 personnes) qui a choisi son prestataire uniquement parce que le commercial était sympa. 18 mois plus tard, ils découvrent que les sauvegardes n'étaient pas faites depuis 8 mois. Personne n'avait vérifié les références.
4. La transparence tarifaire — là où ça coince souvent
Les techniciens IT parisiens vous le diront off the record : la moitié des litiges client-prestataire viennent des "surprises" sur les factures. "Ah mais ça, c'était hors forfait." "Ah mais l'intervention samedi, c'est x2."
🚨 Red flag immédiat :
Si le devis ne détaille pas précisément ce qui est inclus et ce qui ne l'est pas — fuyez. Un bon prestataire vous donne un tableau clair : inclus / hors forfait / supplément. Pas de zone grise.
Ce qu'il faut vérifier dans le contrat :
- Le tarif horaire hors forfait (souvent 80-120€/h à Paris)
- Les majorations (week-end x1.5, nuit x2, jour férié x2.5)
- Ce qui déclenche une facturation supplémentaire (installation nouveau poste, changement matériel...)
- Le prix des licences revendues (marge souvent de 15-30%)
J'ai détaillé tout ça dans l'article sur les pièges des contrats d'infogérance.
5. Les sauvegardes — le vrai test de sérieux
Je mets ce critère en dernier, mais c'est peut-être le plus important. Voici une stat qui va vous faire réfléchir :
3
Sur mes 200+ audits depuis 2020, j'ai vu 3 prestataires seulement qui testaient les sauvegardes tous les mois. TROIS.
Les autres ? "On fait des sauvegardes quotidiennes." Super. Mais vous les TESTEZ quand ? Vous vérifiez qu'on peut les RESTAURER ? Silence radio.
La question à poser en RDV commercial : "À quelle fréquence testez-vous les sauvegardes, et pouvez-vous me montrer le dernier rapport de test ?" Si le commercial bafouille, vous avez votre réponse.
Ce que font les bons prestataires :
- • Test de restauration mensuel (minimum trimestriel)
- • Rapport écrit envoyé au client
- • Sauvegarde externalisée (pas juste un NAS dans le local serveur)
- • Règle 3-2-1 : 3 copies, 2 supports différents, 1 hors site
Checklist récap' — à imprimer avant votre prochain RDV
En résumé
Choisir un prestataire d'infogérance, ce n'est pas sorcier. Mais ça demande de poser les bonnes questions — et de vérifier les réponses. Les 5 critères que je viens de vous donner éliminent 70% des prestataires médiocres en moins d'une heure de recherche.
Prochain RDV commercial ? Prenez cette checklist, posez les questions qui tuent, et observez les réactions. Un bon prestataire sera ravi de répondre. Un mauvais changera de sujet.
Pour aller plus loin
Samir Khelifi
22 ans dans l'IT parisien. Ancien directeur technique, aujourd'hui consultant indépendant. J'audite 15-20 contrats d'infogérance par an pour des PME parisiennes. Je ne vends rien, je ne touche aucune commission — juste du conseil honnête.
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